Rubrique : Ressources documentaires
Catégorie : Documents & témoignages anciens
RETOUR ACCUEIL LE SITE

Poulet de Bruxelles , Coucou de Malines ( 1 )


Auteur : R. ADOLPHI


Introduction

Difficile quelquefois de s'y retrouver dans les appellations différentes prises par les volailles de type coucou au cours de leur histoire !
Pour résumer de la façon la plus claire , disons que , au tout début des années 1800 , l'on rencontrait sur une large zone géographique ( de la Bretagne à l'Escault ) des volailles coucous bien fixées appelées dans le Nord de la France Coucou Picarde et en Belgique Coucou de Malines. Les premiers croisements avec des races asiatiques beaucoup plus lourdes et à pattes plumées donnèrent un autre type qui fut appelé poulet de Bruxelles en Belgique.
Avec le succès de ces nouvelles volailles , les anciens coucous furent totalement délaissés et les nouveaux reprirent le nom définitif de Coucou de Malines ; on donna à l'ancien coucou le nom de poulet de Bruxelles.
Cet ancêtre du Coucou de Malines actuel sera reconnu plus tard sous le nom de Coucou de Flandres.



Chasse et Pêche, n° 16 du 16 janvier 1887


ACCLIMATATION ET ELEVAGE
Le poulet de Bruxelles

Hebdomadaire Chasse & Pêche , n° 16 du 16 janvier 1887

" Quel lot de mauvaises Cochinchinoises coucou ! ne manqueront pas de s'écrier les étrangers quand ils verront la planche coloriée qui accompagne le présent numéro de Chasse et Pêche ; et pourtant la Cochinchinoise coucou n'est pour rien dans la transformation de l'ancien coucou de Malines en poulet de Bruxelles.
Il y a 20 à 25 ans, le Jardin zoologique d'Anvers élevait de grandes quantités de Brahma herminés. Dans ces temps là ils avaient encore la crête simple. Il arrivait aussi très fréquemment de rencontrer dans ces Brahmas des sujets à plumage blanc et à pattes roses. Nous les exposions à cette époque à la Société Linnéenne sous le nom de Brahmas blancs. Ce sont ces coqs et ces poules blanches qui ont trouvé leur chemin à la campagne.
Les paysans - qui ne sont pas si bornés qu'ils cherchent à s'en donner l'air - eurent bien vite remarqué combien les métis étaient plus faciles à élever et surtout à engraisser que leurs anciens coucous de Malines.
Depuis cette époque on s'est aussi beaucoup servi dans les fermes de coqs Cochinchinois blancs et même de fauves pour la production des poulets destinés à l'engraissement.
Il nous reste à prouver que le poulet de Bruxelles constitue une race fixée. Il suffit pour s'en convaincre de faire un tour aux Halles, au Marché couvert de la Madeleine et devant les étalages des marchands de gibier et l'on constatera que tous les poulets engraissées sont les mêmes. Sur cent poulets de Bruxelles on en trouverait difficilement deux à pattes jaunes. Les sept huitièmes sont de couleur coucou, l'autre huitième est blanc et noir dans la proportion d'un noir sur trois blancs.
D'ailleurs aucun engraisseur n'achèterait des coucous croisés. Avec des Combattants, elles ne prennent ni chair ni graisse ; croisés avec des Campines, ils sont trop petits, ils ne se laissent pas enfermer ; avec des Houdans, des Crèvecoeur, etc.., ils ne supportent pas le régime de l'épinette, gagnent de la dysenterie et périssent. Les sujets à pattes foncées ont la chair grise ; ceux qui ont les pattes jaunes se vendent plus difficilement, quoique les marchands prétendent que ceux-ci ont la plus belle apparence après avoir passé par le fourneau ou la broche.
Si c'est le grand nombre de sujets pareils qu'il faut pour faire une race, nous citerons encore des chiffres que nous tenons de très bonne source. Un marchand de gibier nous disait : " Je fais des affaires moyennes , je vends mille poulets engraissés chaque semaine. Nous sommes quarante. Il nous faut donc chaque année 2 080 000 poulets. Mettez deux millions. " Si nous estimons le poulet en moyenne à 4 francs pièce , nous trouverons que les environs de Bruxelles fournissent annuellement à cette seule ville pour 8 millions de poulets engraissés.
De tous les temps les Bruxellois ont été amateurs de poules, et déjà en 1370 , ils portaient le surnom de Kiekefretters ( mangeurs de poulets ). La chronique du temps ne dit pas si les poulets qu'ils affectionnaient tant étaient tous coucous (1).
Le poulet de Bruxelles, ou l'ancien coucou de Malines modifié, a la tête petite , le bec blanc, les yeux grands et rouges-bruns ; la crête simple, mince, régulièrement dentée, les barbillons longs, les oreillons rouges, teintés de blanc.- Les poules à oreillons blancs passent pour les meilleures pondeuses.
Cou court, dos long et très large, poitrine très développée, cuisses et pattes courtes et grosses, pattes blanc-rosé modérément emplumées, pieds excessivement gros, ongles blancs. Tels sont les points auxquels les engraisseurs attachent une grande importance et qui doivent être conservés et développés. Quant aux points de détail, il appartient aux amateurs d'expositions à les fixer et de garder les étalons de la race.
Il dépend de la Société Belge d'Aviculture d'encourager l'amélioration de nos races de volailles en instituant des prix assez élevés pour qu'un amateur trouve autant d'avantage à élever des volailles d'utilité que des volailles de luxe. Lorsque le Gouvernement ou une Société donne des primes de mille francs à un étalon pour l'amélioration de la race chevaline, il peut bien être donné cent ou deux cents francs à un coq ou une poule.
Dans la production du poulet de Bruxelles, la division du travail est strictement observée. Dans le même village il y a des éleveurs et des engraisseurs. L'éleveur s'applique surtout à produire des poussins en hiver, le paysan a parfois quatre ou cinq mues à l'intérieur de sa maison près du feu ; au moindre rayon de soleil, les mues avec poule et poussins sont transportées au dehors ; quand les élèves sont vendables ils sont portés au marché de Malines ou de Merchtem , un village d'environ 6 000 habitants où il y a marché tous les mercredis.
Les éleveurs n'engraissent pas eux-mêmes et les engraisseurs n'élèvent pas.

(1) Jean Vandermeeren, avec les principaux Bruxellois de l'époque, prit part au combat qui eu lieu, le 31 aôut 1370, dans les plaines de Bastweiler près de Gelenkirchen. D'après Wauters, la perte de cette journée mémorable fut attribuée par un comtemporain, aux Bruxellois qui étaient partis en guerre chargés d'une telle quantité de victuailles et accompagnés d'une armée de valets si encombrante, que les combattants n'avaient presque point la place nécessaire pour se battre.
C'est à cette occasion que les Bruxellois reçurent le surnom de Kieke fretters.
Les auteurs du temps reconnaissent toutefois que nos concitoyens déployèrent une grande valeur dans ce combat livré par Wenceslas au duc de Juliers, qui favorisait le brigandage et pillait le commerce.

( La Chronique des Travaux publics ).



PAGE SUIVANTE : Le Coucou de Malines
RETOUR RUBRIQUE : Histoire & Documents