"...Après les polémiques un peu vives qui viennent de se produire entre aviculteurs
belges et aviculteurs français, et même entre belges entre eux, à propos des
Campine et des Braekel, quant à la description exacte, à l'origine et aux points
à déterminer pour la race mère et pour chaque variété, nous ne nous sentons pas
une autorité suffisante pour intervenir dans le débat. Nous voulons laisser le
temps et l'opinion faire leur oeuvre d'apaisement et de sélection, et nous
attendrons pour déterminer nettement les points de la Campine que les belges soient
eux-mêmes tombés complètement d'accord , qu'ils soient arrivés à produire des
sujets irréprochables comme type, et sur la forme, la couleur et le dessin
desquels il n'y ait plus de discussion possible. Cela ne saurait tarder..."
( à suivre ... )
"...Nous disions dans notre dernier numéro, à propos de la poule campine, que nous n'osions
nous prononcer sur la définition précise de ses différents caractères, à cause des
discussions actuellement engagées entre différents éleveurs et amateurs spécialistes
qui ne sont pas d'accord entre eux, pour fixer les points de leur race préférée.
N'existe-t-il qu'une seule race portant le nom de campine, ou faut-il admettre deux
variétés portant les noms différents de campine et de braekel et n'ayant ni la même
taille , ni la même forme, ni les mêmes marques dans le plumage quoique se ressemblant
absolument à première vue ? Ce n'est pas nous qui prendrons un parti dans la discussion,
nous laisserons les principaux intéressés, les éleveurs belges et les amateurs du Nord,
épuiser leurs arguments et prendre après réflexion un parti définitif, dont les
programmes et les jugements des prochaines expositions nous donneront les résultats
officiels et nous nous rangerons alors à l'avis de la majorité. En attendant, il nous
a paru intéressant de reproduire une partie d'un article publié par notre excellent
confrère, Chasse et Pêche, et dû à la plume de M. J.-J. Joffroy, l'un des juges les
plus autorisés de Belgique et résumant assez clairement la question..."
Voici comment il s'exprime :
" Faut-il faire de la braekel et de la campine deux races différentes ?
Pourquoi pas? L'une est grande, large d'épaules, forte de poitrine ;
l' autre, petite et gracieuse.
La braekel, telle quelle doit être par sa taille , ne s'est guère montrée
jusqu'ici dans nos expositions. Nous la voulons très grande, possédant une
poitrine à la houdan, une crête volumineuse bien pliée - ceci est aussi
nécessaire que chez la leghorn -l'oreillon blanc, les pattes d'un gris
bleu. Et la livrée ? Oh ! voilà le point capital, on veut la barre
rectangulaire chez le coq comme chez la poule. C'est bien cela, pas de fer
à cheval, on exige que le coq porte des marques le plus haut possible sur
la poitrine, mais il est reconnu qu'un coq marqué de cette façon donne des
poulettes ayant du noir dans le camail. Faudrait-il admettre cette
particularité chez la poule, comme on l'exige chez le Hambourg pailleté,
ou faut-il continuer à la repousser ?..."
Ci-dessus : coq et poule campine , Manuel de la fille de basse-cour ( Malézieux )
"...Nous avons vu à Braekel même et dans ses environs , des millions de
poules ; toujours nous avons constaté que celles ayant le camail marqué
de noir étaient plus fortes et portaient des crêtes plus grandes.
Pourquoi ? On prétend , et cela doit être vrai , que la poule de Campine a été
croisée avec une volaille plus grande ( la Brahma , c'est presque
certain ) pour augmenter sa taille.
La grande , la véritable poule de Braekel par ses formes, à camail noir ,
serait-elle le résultat le plus parfait du croisement ? L'autre , que
nous trouvons aussi dans le même troupeau , plus petite et ayant le
camail blanc , celle qui serait retournée à son type primitif de campine ?
Ce qu' il y a de certain , c'est que la plus forte , qui est la préférée ,
donne de plus gros œufs et des poulets ayant plus de chair, précieuses qualités
pour une poule pratique. Le fermier se soucie peu du plumage ; ce qu'il voit c'est
le revenu de la basse-cour. Comme fermier , il a raison..."
ci-contre , dessin de J. de LOVEDO , ( LA NATURE )
"- Savez-vous, Monsieur , comment doit-être la poule de Brakel ?
- Oui, grise avec un cou blanc. - Et la crête ?
- Les petites l'ont souvent droite, les grandes, pliée.
... - Mais je remarque que toutes les grandes ont le camail marqué de noir. Y faites-vous attention ?
- Non, celles-là pondent aussi bien que les autres " ....
Il existe là aussi , une poule noire à camail jaune, pattes bleues, formes campine , qui est réputée
pondeuse de premier ordre. Elle n'est sans doute qu'une campine ayant transformé son plumage.
( Une visite à la poule de Braekel - J.J Joffroy, Chasse et Pêche 1895. )
Standard de la race d'Hergnies dite de Braekel française
présenté à la Société des Aviculteurs du Nord, le 10 août 1896
par M. Jules LAMY, conseiller. Messieurs,
En présence de la détermination qui a été prise il y a quelques mois par la Société
d'Aviculture de Belgique, de faire de la poule de Braekel une volaille de très fort
volume, répondant peut-être mieux aux besoins de ce pays à population très dense, telle
qu'on la veut plutôt que telle qu'elle est, il m'a semblé que nous n'avions pas , pour
transformer la race de Braekel , les mêmes raisons que nos voisins ; j'ai cru au
contraire et vous avez pensé avec moi , quand j'ai soulevé la question à une de nos
dernières séances, que nous avions d'excellentes raisons pour maintenir dans notre
région du Nord de la France, la race de Braekel avec ses anciens caractères , telle
enfin qu'elle s'y perpétue pour le plus grand bien de nos cultivateurs, depuis un temps
immémorial.
C'est qu'en effet, notre braekel française a toutes les qualités requises
pour être ici, la meilleure des poules de ferme : ponte très abondante et gros oeufs,
ponte très précoce des poulettes, qui donnent parfois des oeufs à l'âge de trois mois et
demi ; précocité extraordinaire des coquelets, qui peuvent être mangés comme poulets de
grain à deux mois, qualité de chair qui ne saurait être surpassée.
Nous ne devons pas perdre de vue que l'aviculture, chez nous, n'est pas une industrie,
que nous n'avons pas d'engraisseurs allant acheter dans les fermes, à beaux deniers, de
forts poulets destinés à être engraissés puis vendus à des prix élevés.
Nos fermiers n'élèvent pas de volailles pour les vendre; ils élèvent pour entretenir leur
basse-cour et la peupler de bonnes pondeuses, consommant peu, donnant beaucoup de beaux
oeufs et, par surcroît, leur donnant des poulets très précoces dont ils peuvent se
défaire le plus tôt possible et ayant bonne chair.
Nos fermiers n'ont donc aucun intérêt à élever de très fortes volailles d'un entretien
plus coûteux, ne pondant pas plus , pondant moins tôt et donnant des coquelets qui
doivent atteindre l'âge de quatre à cinq mols, sinon plus, pour être présentables.
Or, j'estime et vous pensez avec moi, que le très gros volume d'une race n'est pas
compatible avec la très grande précocité comme chair et comme ponte.
Nous sommes donc dans la nécessité de nous séparer ici de nos excellents voisins les
Belges, qui ont parfaitement le droit de décider et faire ce qui leur semble être le
mieux à leur point de vue spécial, comme nous avons le droit et le devoir de faire ce que
nous pensons être utile pour la région du Nord de la France, que nous habitons, et dont
nous connaissons les besoins mieux que quiconque.Or, avons-nous le droit de fixer les
points de la race que nous appellerons Braekel française ou d ' Hergnies et de demander
que telle que nous la décrivons, elle soit considérée comme une race française et ait sa
place dans les expositions françaises ?
.
La réponse n'est point douteuse, La race de Braekel, l'ancienne est depuis des siècles ,
fixée dans le Nord de la France et y jouit d'une réputation sans égale comme pondeuse et
productrice de poulets de grains exquis.
Quelle est d'ailleurs l'origine de la race de Braekel , de celle qu'on rencontre dans le
Nord de la France et le Tournaisis ? est-elle française, est-elle belge?
Bien fin qui le dira , bien érudit et bien osé aussi, car si la petite race de Campine
belge existe en Belgique, d'autre part , la race de la bresse grise existe dans sa
province depuis toujours et y est réputée entre toutes; or, la bresse grise, l'ancienne ,
a tous les caractères d'une braekel française trop blanche, ou bien encore la braekel
française a l'aspect d'une forte bresse grise trop foncée.
Les soldats bourguignons de Charles le Téméraire ont-ils exporté dans la Flandre
française leur excellente race de la Bresse qui aura pu s'y croiser avec la Campine belge
à crête simple, et y acquérir par suite un plumage plus foncé, ou bien, ces mêmes soldats
ont-ils importé en Bresse la race de Campine à crête simple, qui y serait devenue plus
pâle ?
Personne ne le sait. La première hypothèse parait pourtant -être la plus vraisemblable.
Quoi qu'il en puisse être, il reste un fait acquis et indiscutable, c'est que nous avons
en France, à l'état non sélectionné, se reproduisant invariablement avec la plus grande
fixité, une excellente race de volailles , et qu'il nous appartient d'en fixer les
caractères les plus saillants sans que personne puisse y trouver à reprendre ; ces
caractères seront ceux que on rencontre partout, les caractères propres de la race , et
non des caractères voulus et arbitraires, fixés plus ou moins capricieusement.
Vous avez bien voulu, Messieurs ,trop confiants dans ma longue pratique de notre
excellente race, que je sélectionne depuis treize ans , approuver le standard que je vous
ai présenté et m'avez prié de l' établir définitivement; je le fais avec plaisir ;
le voici :
vous le trouverez à la page de la poule d'Hergnies ...