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Deuxième partie : Où l'on déplore la disparition de certaine race locale ...
Hebdomadaire Chasse & Pêche , n° 20 du 15 février 1891
Les races de poules indigènes , page 198
" Les expositions ont pris en Belgique un développement plus considérable que dans tout
autre pays du continent; moins fréquentes, il est vrai, mais plus importantes sous le
rapport du nombre des oiseaux exposés, que les expositions en Angleterre, sauf celles de
Birmingham, le Dairy et le Crystal Palace Show.
Nous avons même vu l'année passée une des trois sociétés d'Anvers rivaliser avec cette
dernière. Nous ne connaissons pas de raisons pour que la Belgique perde la place occupée
jusqu'ici; les amateurs qui ne tiennent pas à faire la traversée jusqu'en Angleterre
pourront toujours, en venant jusque chez nous, admirer les plus beaux résultats de
l 'aviculture moderne Mais nous-mêmes , pour la plupart des races populaires en Angleterre
, nous aurons toujours à passer la mer du Nord pour nous tenir au courant des perfectionnements,
parce qu'en Angleterre il y a vingt fois plus d'éleveurs d'une race que chez nous ; parce
que leurs juges, ayant plus d'autorité que les nôtres, peuvent changer le type et que leurs
exemplaires sont nés et élevés chez eux; car, ne l'oublions pas, les volailles américaines
modifient leur type en Angleterre et les anglaises varient sur le continent. "
" A tort ou à raison, ce motif a été cité pour démontrer l'impossibilité d'établir les
mêmes points caractéristiques pour l'Angleterre, l'Amérique et le monde entier.
Nous possédons cinq ou six races de poules indigènes, répandues par milliers dans toutes
les fermes, acclimatées, habituées à notre nourriture et à la manière de se les procurer.
Nos fermiers connaissent la façon de les traiter et savent exactement quels profits ils
sont en droit d'en attendre. II ne serait donc pas bien difficile de les persuader à
améliorer et à embellir ces races, comme ils ont amélioré et embelli leurs arbres fruitiers.
Nous ne parlerons que de deux races, les meilleures du monde pour nous: le coucou de
Malines comme poulet de table, la campinoise comme pondeuse. Le coucou de Malines actuel
est, comme la wyandotte, le produit d'un croisement. L'ancien type semble être perdu.
II est remplacé à nos expositions par le coucou d'Ecosse et le coucou de Rennes.
Constatons ici une grande négligence de notre part : si nous avions gardé l'ancien coucou
de Malines comme poule d'exposition pour la perfection de son plumage, nous aurions pu nous
en servir à présent pour embellir le plumage du coucou actuel, sans lui ôter aucune de
ses qualités prolifiques. Nous ne pensons pas que par le croisement du grand coucou
actuel avec une race de coucous autre que celle du pays même, nous puissions lui
conserver sa précocité, sa chair délicate et son aptitude à l'engraissement.
Nous avions donc en Belgique une race de poules coucou à pattes blanches et lisses,
appelée de son vivant : " coucou de Malines " , après sa mort : " poulet de Bruxelles ".
Depuis vingt-cinq ans, grâce à un croisement du brahma blanc à crête simple qui ,
lui-même, d'après l'article de M. Entwistle " Une leçon d'élevage " , ne serait qu'un
croisement de Cochin et d'Aseel et aussi à un croisement de Cochin pur, le coucou de
Malines est devenu la meilleure, la plus grosse et la plus recherchée volaille de table
du monde.
Dans la pratique, les coucous tendent toujours à dégénérer ; ils perdent leur taille et
blanchissent, par la raison que les éleveurs de la campagne ne pratiquent aucune sélection
; au contraire ils s'empressent de vendre leurs plus beaux sujets, parce que ceux-ci
rapportent le plus et le plus tôt, et ne gardent pour la reproduction que les coqs dont
ils n'ont pu obtenir un prix suffisant...
...Aucune race de volaille ne donne un aussi grand profit en un si petit nombre de semaines,
aucune n'est représentée par un aussi grand nombre d'exemplaires. En formant un club
réunissant des amateurs et des fermiers intelligents, on serait bientôt parvenu à produire
des géants, sans courir le risque d'obtenir des monstres, sans utilité pratique pour les
agriculteurs, uniquement destinés à provoquer l'étonnement des visiteurs aux expositions...
"... La différence entre les trois variétés est trop minime pour qu'il soit pratique de
donner à chacune d'elles des classes séparées. Nous pensons que la poule de Braeckel est
celle dans laquelle se trouveront le plus facilement des types d'exposition.
C'est encore elle qui sera la plus recherchée pour l'exportation. Mais que les types
viennent de Campine, de Flandre ou de Hainaut, nous pensons qu'il y a lieu de les diviser
d'après le plumage, les unes seront barrées comme la bredas & hepel ou Hambourg crayonnée,
les autres fleuries comme on les rencontre souvent dans les fermes; ces dernières auront
l'avantage d'être plus distinguées, car ce plumage ne se rencontre chez aucune autre race
de volaille.
De mème que l'ancien coucou de Malines, la poule de la Campine et celle de Braekel
tendent à disparaître.
Les fermiers et les petits cultivateurs qui élèvent des poulets pour le marché, ont de
l'avantage à les croiser avec des coucous de Malines ou simplement avec des cochinchinois,
parce qu'ils obtiennent ainsi des coquelets et des poulettes plus précoces, plus
rustiques et plus volumineux, dont ils obtiennent un plus haut prix au marché.
D'après ce qui précède. il est évident que l'agriculture belge demande de nouvelles races
de poules réunissant les qualités de pondeuses et de gros poulets de table. La wyandotte
ne peut faire notre affaire : à cause des pattes jaunes d'abord; ensuite elle n'est pas
un produit du sol, plusieurs amateurs ont essayé le croisement de la campine et du
langshan. Cette combinaison donne d'admirables produits comme taille et comme rapport.
Nos deux poulettes nées en mai ont commencé leur ponte en novembre, et malgré le froid
extraordinaire de cet hiver n'ont pas cessé de nous donner régulièrement de très gros oeufs
roses. Notre rêve est de produire une nouvelle race de poules du pays qui sera à l'ancienne
poule de la Campine ce que le nouveau coucou de Malines est à l'ancien. Notre idéal serait
d'obtenir une volaille ayant tous les caractères de la campine, mais très grande.
Naturellement, il y a place pour d'autres; mais les fermiers les adopteront plus
difficilement et il sera plus difficile de les avoir plus loin ou plus près du sang existant
déjà. Une transformation se fait fatalement; mais si les aviculteurs sont réellement de
quelque utilité à l'agriculture, il y aurait là une belle occasion de le montrer ."
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