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Chasse et Pêche, n° 16 du 16 janvier 1887
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ACCLIMATATION ET ELEVAGE
Le poulet de Bruxelles
Hebdomadaire Chasse & Pêche , n° 16 du 16 janvier 1887
" Quel lot de mauvaises Cochinchinoises coucou ! ne manqueront pas de s'écrier les étrangers quand
ils verront la planche coloriée qui accompagne le présent numéro de Chasse et Pêche ; et pourtant
la Cochinchinoise coucou n'est pour rien dans la transformation de l'ancien coucou de Malines en
poulet de Bruxelles. Il y a 20 à 25 ans, le Jardin zoologique d'Anvers élevait de grandes
quantités de Brahma herminés. Dans ces temps là ils avaient encore la crête simple. Il arrivait
aussi très fréquemment de rencontrer dans ces Brahmas des sujets à plumage blanc et à pattes roses.
Nous les exposions à cette époque à la Société Linnéenne sous le nom de Brahmas blancs. Ce sont
ces coqs et ces poules blanches qui ont trouvé leur chemin à la campagne.
Les paysans - qui ne sont pas si bornés qu'ils cherchent à s'en donner l'air - eurent bien vite
remarqué combien les métis étaient plus faciles à élever et surtout à engraisser que leurs anciens
coucous de Malines. Depuis cette époque on s'est aussi beaucoup servi dans les fermes de coqs
Cochinchinois blancs et même de fauves pour la production des poulets destinés à l'engraissement.
Il nous reste à prouver que le poulet de Bruxelles constitue une race fixée. Il suffit pour s'en
convaincre de faire un tour aux Halles, au Marché couvert de la Madeleine et devant les étalages
des marchands de gibier et l'on constatera que tous les poulets engraissées sont les mêmes.
Sur cent poulets de Bruxelles on en trouverait difficilement deux à pattes jaunes. Les sept
huitièmes sont de couleur coucou, l'autre huitième est blanc et noir dans la proportion d'un noir
sur trois blancs. D'ailleurs aucun engraisseur n'achèterait des coucous croisés. Avec des
Combattants, elles ne prennent ni chair ni graisse ; croisés avec des Campines, ils sont trop
petits, ils ne se laissent pas enfermer ; avec des Houdans, des Crèvecoeur, etc.., ils ne
supportent pas le régime de l'épinette, gagnent de la dysenterie et périssent. Les sujets à pattes
foncées ont la chair grise ; ceux qui ont les pattes jaunes se vendent plus difficilement, quoique
les marchands prétendent que ceux-ci ont la plus belle apparence après avoir passé par le fourneau
ou la broche. Si c'est le grand nombre de sujets pareils qu'il faut pour faire une race, nous
citerons encore des chiffres que nous tenons de très bonne source. Un marchand de gibier nous
disait : " Je fais des affaires moyennes , je vends mille poulets engraissés chaque semaine. Nous
sommes quarante. Il nous faut donc chaque année 2 080 000 poulets. Mettez deux millions. " Si nous
estimons le poulet en moyenne à 4 francs pièce , nous trouverons que les environs de Bruxelles
fournissent annuellement à cette seule ville pour 8 millions de poulets engraissés.
De tous les temps les Bruxellois ont été amateurs de poules, et déjà en 1370 , ils portaient le
surnom de Kiekefretters ( mangeurs de poulets ). La chronique du temps ne dit pas si les
poulets qu'ils affectionnaient tant étaient tous coucous (1).
Le poulet de Bruxelles, ou l'ancien coucou de Malines modifié, a la tête petite , le bec blanc,
les yeux grands et rouges-bruns ; la crête simple, mince, régulièrement dentée, les barbillons
longs, les oreillons rouges, teintés de blanc.- Les poules à oreillons blancs passent pour les
meilleures pondeuses. Cou court, dos long et très large, poitrine très développée, cuisses et
pattes courtes et grosses, pattes blanc-rosé modérément emplumées, pieds excessivement gros,
ongles blancs. Tels sont les points auxquels les engraisseurs attachent une grande importance et
qui doivent être conservés et développés. Quant aux points de détail, il appartient aux amateurs
d'expositions à les fixer et de garder les étalons de la race.
Il dépend de la Société Belge d'Aviculture d'encourager l'amélioration de nos races de volailles
en instituant des prix assez élevés pour qu'un amateur trouve autant d'avantage à élever des
volailles d'utilité que des volailles de luxe. Lorsque le Gouvernement ou une Société donne des
primes de mille francs à un étalon pour l'amélioration de la race chevaline, il peut bien être
donné cent ou deux cents francs à un coq ou une poule.
Dans la production du poulet de Bruxelles, la division du travail est strictement observée. Dans
le même village il y a des éleveurs et des engraisseurs. L'éleveur s'applique surtout à produire
des poussins en hiver, le paysan a parfois quatre ou cinq mues à l'intérieur de sa maison près du
feu ; au moindre rayon de soleil, les mues avec poule et poussins sont transportées au dehors ;
quand les élèves sont vendables ils sont portés au marché de Malines ou de Merchtem , un village
d'environ 6 000 habitants où il y a marché tous les mercredis.
Les éleveurs n'engraissent pas eux-mêmes et les engraisseurs n'élèvent pas.
(1) Jean Vandermeeren, avec les principaux Bruxellois de l'époque, prit part au combat qui eu
lieu, le 31 aôut 1370, dans les plaines de Bastweiler près de Gelenkirchen. D'après Wauters,
la perte de cette journée mémorable fut attribuée par un comtemporain, aux Bruxellois qui étaient
partis en guerre chargés d'une telle quantité de victuailles et accompagnés d'une armée de valets
si encombrante, que les combattants n'avaient presque point la place nécessaire pour se battre.
C'est à cette occasion que les Bruxellois reçurent le surnom de Kieke fretters.
Les auteurs du temps reconnaissent toutefois que nos concitoyens déployèrent une grande valeur
dans ce combat livré par Wenceslas au duc de Juliers, qui favorisait le brigandage et pillait le
commerce.
( La Chronique des Travaux publics ).
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