Rubrique : Ressources documentaires
Catégorie : Hérédité , principes & applications
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L'alphabet de tout petit éleveur ( 3 )


Auteur : E. BRANDT


LA CARTE DE L'HEREDITE ( suite )
Entre temps, un autre généticien américain, MULLER, avait découvert la possibilité de produire des mutations artificielles par rayons X. Désormais, la Drosophile allait perdre beaucoup de son intérêt. Les généticiens devaient bientôt leur préférer les microbes et les moisissures.
MORGAN avait pris la direction de la section biologie du California Institue of Technologie, dénommé le « Caltech », lorsqu'un savant frais émoulu, BEADLE, vint en 1931 sous sa direction.Désormais le nom du « Caltech » allait être associé à la plupart des grandes découvertes de la génétique.

UNE CENTRALE CHIMIQUE

Le comportement des chromosomes et des gènes avait été en grande partie élucidé, confirmant et explicitant les lois découvertes par MENDEL. Mais on ne savait pas encore par quels mécanismes ces minuscules particules pouvaient commander la fabrication de tel ou de tel organisme , comment gène « oeil bleu » parvenait à provoquer l'existence d'yeux bleus, BEADLE était convaincu que ces ultimes secrets de l'hérédité, seule l'étude chimique les dévoilerait. BEADLE fut le premier généticien à adopter la méthode d'étude chimique qui allait révolutionner le monde de la génétique.
Il estima que le seul moyen de pénétrer plus avant dans la connaissance des chromosomes consistait à provoquer des mutations qui entraîneraient une modification unique. La Drosophile était un organisme trop complexe. BEADLE la détrôna au profit de la « NEUROSPORA », une moisissure d'un très beau rose corail qui se développe parfaitement dans un milieu contenant seulement des sels minéraux, du sucre et une seule vitamine, la BIOTINE. A partir de ces quelques aliments, elle fabrique tout ce dont elle a besoin. Travaillant avec un chimiste, le Dr TATUM, BEADLE voulut obtenir une variété de Neurospora différant de la normale par un seul processus chimique. Pour cela, il irradia quelques spores aux rayons X, afin de provoquer des mutations, et il les plaça dans le milieu nutritif minimum. Certaines germèrent et se développèrent normalement, ne manifestant aucune mutation, mais d'autres, après avoir germé, cessèrent de se développer.
Que leur manquait-il? Pour le découvrir les deux expérimentateurs leurs administrèrent diverses vitamines, des acides aminés et maintes substances intervenant dans la croissance.
Au 299 ème essai, ils trouvèrent: les spores souffraient d'une carence de vitamine B6. Croisées avec des spores normales, les spores mutées transmirent leur besoin en vitamine B6 conformément aux lois de Mendel.

Lorsqu'en 1941, BEADLE et TATUM eurent communiqué le succès de leur expérience, nombre de chercheurs s'engagèrent dans la nouvelle voie ouverte. Les gènes n'étaient plus seulement des entités théoriques.

L'ATOME DE LA VIE

En 1946, BEADLE succédait à MORGAN à la direction du « Caltech » et devait délaisser ses travaux personnels.
La dernière étape allait être franchie: la découverte de la nature des gènes. En 1944, AVERY, Mac LEOD et Mac CARTHY avaient démontré que l'agent de la transmission héréditaire est l'acide désoxyribonucléique ou A. D. N. Ils résolvaient une énigme posée depuis 1928. Cette année là, un bactériologiste anglais, GRIFFITH, avait réalisé une curieuse expérience avec deux variétés de pneumocoques. Il fallait bien admettre qu'il existait un agent biochimique qui avait pu survivre à la mort des pneumocoques « S » de l'expérience et transmis le caractère « à capsule ». C'est ce que AVERY, Mac LEOD et Mac CARTHY découvrirent en 1944, il s'agissait de l'A. D. N., que l'on venait justement d'identifier comme étant le constituant essentiel des gènes.
Dès lors, tous les travaux vont se concentrer sur l'étude de la grosse molécule d'A. D. N.
Dix ans plus tard, deux autres savants anglais, WATSON et CRICK proposent de la structure de l' A. D. N. un schéma qui rend enfin compréhensible le mode de transmission du message génétique. Selon eux, le molécule d'A. D. N. a la forme d'un escalier en spirale, dont la rampe est composée, d'une alternance d'un sucre, la désoxyribose, et d'un phosphate. A chaque sucre est accrochée une marche composée de deux bases.
Lors de la division cellulaire, on avait depuis longtemps observé que les chromosomes se dédoublaient, si bien que chaque nouvelle cellule retrouvait un jeu complet de chromosomes. Le schéma de WATSON et CRICK éclaire le phénomène au moment de la division, les deux bases de chaque marche se séparent, l'escalier se scinde en deux comme une fermeture éclair, et chaque moitié retrouve dans le milieu qui l'entoure les éléments nécessaires pour reformer un escalier complet. La « duplication » de l'A. D. N. rend compte du dédoublement chromosomique.
Les recherches suivantes montrèrent que les marches de l'escalier ne faisaient appel qu'à quatre sortes de bases: l' Adénine, la Thymine, la Cyotosine et la Guanine. Leurs initiales constituent l'alphabet de la vie.
Avec leurs différentes combinaisons, on peut fabriquer un homme ou une souris, un virus ou un petit pois. C'est que ces individus, si différents, sont pourtant fabriqués à partir d'un très petit nombre d'éléments: 20 acides aminés seulement. Toutes les protéines vivantes sont composées à partir de ces 20 acides. C'est -à-dire qu'il suffit de vingt mots pour provoquer la fabrication d'un être.
En 1962, WATSON et CRICK obtenaient le prix Nobel pour leurs travaux.
Depuis de nouvelles découvertes viennent encore d'être faites, mais ces travaux de laboratoire intéressent certainement peu nos petits éleveurs.



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