Rubrique : Ressources documentaires
Catégorie : Hérédité , principes & applications
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L'alphabet de tout petit éleveur ( 4 )


Auteur : E. BRANDT

L'ATOME DE LA VIE ( suite )

Il était cependant nécessaire de faire ici l'historique de 100 ans de recherches sur l'hérédité et sur les formidables progrès réalisés ces dernières années.
Il ne faudrait pourtant pas croire que l'hérédité a désormais livré tous ses secrets. Un siècle après MENDEL, le code génétique est en voie de déchiffrement et il semble que l'on n'ait plus grand chose à apprendre sur l'hérédité chromosomique.
Mais une vieille question controversée revient à l'ordre du jour: existe-t-il un second système héréditaire non chromosomi­que, échappant aux lois de MENDEL ?
Avant de clore ce chapitre, il nous faut cependant encore dire quelques mots de l'hérédité des caractères acquis, surtout que certaines expériences intéressent les aviculteurs.

­ Il y a quelques années, une vive controverse opposa les généticiens occidentaux aux généticiens soviétiques de l'école de MITCHOURINE et LYSSENKO. Revenant aux théories de LAMARCK, les Soviétiques affirmaient que les gènes n'étaient pas les seuls supports de l'hérédité et que l'homme pouvait modifier celle-ci en agissant sur le milieu externe et interne. MITCHOURINE fit ses expériences sur des pommiers : il tenta vainement d'adapter des pommiers adultes au rude climat russe, mais il obtint de meilleurs résultats avec de tout jeunes pommiers. Certains d'entre eux s'adaptèrent parfaitement, et, qui plus est, transmirent leur résistance à leur descendance.

LYSSENKO, lui, fit des expériences similaires sur le blé. MITCHOURINE croyait à la plasticité d'un organisme jeune et pensait que, si on le soumet à des modifications brutales de son milieu naturel, il réorganise son milieu intérieur de manière à s’adapter et transmet cette organisation nouvelle à ses descendants.
MITCHOURINE et LYSSENKO conclurent donc à l'existence d'une hérédité cytoplasmique qui, du moins chez les plantes, n'est plus guère contestée aujourd'hui. Mais poussant plus loin, ils voulurent en déduire la possibilité de modifier toute hérédité par l'action sur le milieu. En 1957, le problème de l'hérédité de l'acquis était reposé en termes plus sereins par les expériences du professeur BENOIT sur les canards. Avec son assistant, le révérend père LEROY, il injecta à des canards de la race PEKIN, âgés de huit jours de l' A. D. N. provenant du sang et des testicules de canards de race KAHKI. Or, plusieurs des canards PEKIN présentèrent des modifications les apparentant à la race KHAKI notamment la coloration du bec et la forme de la tête. Ils furent baptisés « canard Blanche- Neige ».
Les modifications étaient-elles inscrites dans le patrimoine héréditaire?
Oui, car près de 70% de leurs descendants furent également « Blanche-Neige» et, depuis, les caractères nouveaux se transmettent régulièrement à toutes les générations. Une race nouvelle est bien née. Malheureusement l'expérience n'a jamais pu être renouvelée. Le professeur BENOIT et son équipe ont vainement essayé, à plusieurs reprises, d'injecter de l' A. D. N. aux canards PEKIN ; aucune modification ne se produisit.

SI BIEN QUE LES SCEPTIQUES... RESTENT SCEPTIQUES. Depuis le père LEROY a tenté une autre expérience: il a injecté du sang de pintade à des poussins nouveau-nés de la race RHODE-ISLAND-RED. Or, il a obtenu chez un certain nombre de descendants, à la première et à la seconde génération, des plumages aux reflets bleu métallique, ainsi qu'une légère diminution de la taille. A la troisième génération, le plumage vira vers le noir.
Les résultats de ses expériences ne sont pas contestables. Mais, leurs auteurs eux-mêmes se gardent d'en tirer trop de conclusions. Car, on ne sait pas encore très précisément quels mécanismes interviennent dans ces modifications héréditaires provoquées.

L'expérience de trois jeunes savants américains sur des planaires n'ont pas non plus prouvé que des modifications se transmettent aux générations futures.
Aucune preuve décisive n'ayant encore été fournie, partisans et adversaires de l'hérédité de l'acquis restent sur leurs positions. Sur ce problème, comme sur celui de l'hérédité cytoplasmique, auquel il est relié, la génétique n'a pas encore dit son dernier mot.
D'après Jean Rostand, on est encore loin de contrôler le code génétique, mais il pense qu'on y arrivera.
Toujours d'après Jean Rostand, l'homme modifiera un jour ou l'autre le code génétique, mais on ne voit encore guère comment il fera.
La transplantation de noyaux est possible aujourd’hui, la modification du code génétique sera peut-être pour demain !
les hommes voudront-ils et devront-ils en faire usage ?



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